Histoire - La pierre de Salk : La relique des dieux

Il y a cinq cents ans, une guerre faisait déjà rage entre Firin et le royaume voisin d'Aélond. Les Firinois pensaient avoir l'armée la plus puissante de la planète, avec ses légions d'épéistes, de lanciers, de cavaliers, et sa technologie bien plus développée que celle des autres royaumes, munissant l'armée d'arme de sièges puissantes, capables de renverser n'importe quelles forteresses. Mais de son côté, Protab, l'empereur d'Aélond, ne l'entendait pas de cette oreille, et comptait bien montrer à Firin qu'ils ne détenaient pas la puissance qu'ils croyaient avoir. Ceux-ci possédaient un avantage non négligeable par rapport à leurs ennemis : la magie. Les Firinois, mis à part peut-être une dizaine de personnes, ne croyaient nullement en la magie, des tours de passe-passe destinés à amuser les enfants.
Mais ils durent se rendre à l'évidence, la magie n'était pas qu'un simple mode de divertissement. Les mages de la cité mystique étaient capables de décimer des légions entières de soldats rien qu'en récitant quelques incantations. Il s'agissait parfois d'ouvrir des failles sous les pieds des soldats qui accouraient bêtement vers eux pour les enfouir au plus profond des entrailles de la terre, d'où ils ne ressortiraient jamais.
Conscients de la menace magique, le roi de Firin décida alors de réunir toutes les forces qu'il avait sous les mains pour tenter une attaque désespérée. Son ministre lui soumit alors son plan ; en lisant les écrits Aélondiens, il apprit qu'il y avait une possibilité de désarmer l'adversaire : celui d'enfermer les pouvoirs magiques des mages ennemis dans une pierre mystique : la pierre de Salk. Malheureusement, personne ne savait vraiment comment il fallait s'y prendre pour enfermer toute cette puissance dans une pierre jaunâtre qui tenait dans la paume de la main, mais aussi, personne n'avait la moindre idée d'où pouvait se trouver cette pierre si importante.
Pourtant, la bataille eut lieu, autant mourir dans l'honneur, et se battre jusqu'au dernier souffle, terrassé par la puissance adverse plutôt que de fuir lâchement. La confrontation aurait lieu sur les plaines d'Iliamis, situées entre les deux royaumes ennemis, à l'époque, une vaste étendue d'herbe, avec à quelques endroits quelques petits regroupements d'habitations, trop peu nombreuses et ordonnées pour être que l'on puisse appeler cela un village, qui allait devenir le théâtre de l'affrontement final.
Les mages d'Aélond n'étaient toujours pas arrivés au début de la bataille, et l'armée de Firin progressait sur le champ de bataille. Les cavaliers chargeaient l'infanterie adverse impuissante face aux montures et aux soldats surentraînés de l'armée du Rubis. Les piquiers ne faisaient qu'une bouchée des guerriers montés qui essayaient de percer les lignes Firinoises, en perçant leur armure d'argent de leurs lances, alors que les chevaux seuls continuaient leur course, sans s'être aperçu qu'il n'y avait plus personne sur leur dos, ou peut-être était-ce pour fuir le champ de bataille, à la manière d'un déserteur. Derrière, balistes et catapultes bombardaient les lignes ennemies, faisant voler les soldats adverses, et parfois quelques alliés, mais peu importe, de toute manière, ils étaient condamnés
Arrivèrent alors ceux que redoutaient les soldats Firinois... La plaine s'embrasa sous les flammes des sorciers, emportant dans les flammes aussi bien les alliés et les adversaires. Rien n' y échappait : les hommes, les chevaux, les kalis, ces tigres, de couleur orange-rouge, aux dents de sabre et possédant deux cornes sur le sommet du crâne qui une fois dressés, servaient de montures à quelques soldats aélondiens, des montures plus lentes mais beaucoup plus puissantes, mais aussi les maisons des habitants de la plaine, dont certains des occupants étaient tout de même restés, malgré la nouvelle de l'affrontement des deux plus puissants royaume de ce monde. Après le brasier vint la foudre qui tomba du ciel pour frapper les quelques survivants de l'incendie magique, leur faisant pousser des cris de douleur atroces, provoquant par cette occasion les rires machiavéliques de ceux qui avaient commandé ces éclairs. Cependant, tous n'étaient pas encore à terre ; quelques courageux n'entendaient pas succomber si facilement aux brûlures qui avaient transformé leur visage. L'un d'eux s'appelait Barden Vartan, il était l'ancêtre de Jiro...
Barden ne s'arrêta pas lorsque les mages d'Aélond firent trembler la terre sous ses pieds, il continua d'avancer lorsque des vents violents lui firent face, ravivant les brûlures qu'il avait reçu...Il ne faiblissait pas... Son honneur l'empêchait d'abandonner, et il se rappelait de la promesse qu'il avait faite à sa famille, celle de revenir en vie de la bataille rude qui s'annonçait, mais aussi de mettre fin à la guerre qui les opposait à ces sorciers... Il se souvenait du petit porte-bonheur qu'elle lui avait donné, ce si beau collier qu'elle avait fabriqué de ses mains si jeunes, mais si habiles, avec en guise de pendentif, une pierre jaunâtre, pas plus grande qu'une noix qu'elle disait avoir trouvé lors d'une balade en forêt. Barden sentait la pierre qui cognait contre sa poitrine, sous sa lourde armure de chevalier, il décida alors de l'enlever, et le serra dans sa main droite, songeant très fort à sa famille qu'il n'allait peut être pas revoir, à la première promesse qu'il n'honorerait pas, à sa première défaite. Le petit bout de caillou jaune se mit alors à briller intensément, si fort que Barden en fut aveuglé pendant quelques secondes. Que se passait-il ? Il eut l'impression que la pierre devenait de plus en plus chaude, brûlante, plus ardente encore que les flammes qui l'avaient dévisagées. Puis, la chaleur s'estompa, la lumière jaune que la pierre dégageait vira alors à un bleu très clair, et tout se refroidit brusquement, la plaine gela, les corps empilés des soldats furent recouverts par la glace.
Les vents s'amplifièrent alors, faisant tournoyer les cadavres au dessus de Barden, celui-ci ne semblait guère dérangé par les rafales qui s'abattaient mystérieusement sur les plaines d'Iliamis. La lumière qui émanait de la pierre avait viré au vert, mais le guerrier n'était plus aveuglé, il pouvait très clairement distinguer ce qui se passait en ce moment autour de lui. Il était effrayé. Le sol trembla alors de nouveau, des failles se dessinèrent de part et d'autre du Firinois qui regardait alors la pierre dégageant une lumière de couleur marron. Les vents s'étaients alors arrêtés, et les corps en lévitation tombèrent dans les fosses nouvellement creusées, tandis qu'au milieu de cette pluie inhabituelle, Barden avait de plus en plus de mal à garder la roche dans sa main.
Le ciel s'assombrit, la pluie tomba alors sur la plaine, la bataille était terminée... Barden gardait toujours les yeux fixés sur la pierre mystérieuse qu'il tenait entre ses mains, cette si petite chose qui avait à elle seule anéanti les deux armées les plus puissantes que le monde ait connu. Cette dernière semblait pourtant différente, comme s'il y avait une force emprisonnée à l'intérieur, une puissance infinie se tenait là, au creux de sa main, mais il n'avait aucune idée de quoi en faire. Il pourrait s'en servir, une telle puissance ne méritait pas d'être inutilisée. Ou peut-être vaudrait-il mieux la cacher, la mettre à l'abri pour que personne ne puisse s'en servir. Devait-il en parler ? Devait-il garder le secret ? Chaque réponse qu'il trouvait aux questions qu'il se posait lui apportait de nouvelles questions.
Les gouttes de pluie ruisselaient sur son visage brûlé par la magie aélondienne. Barden leva la tête au ciel pour y chercher une réponse... La nuit était tombée, les seules lumières perceptibles étaient celles des étoiles qui brillaient au-dessus de sa tête et de la pierre qu'il avait encore entre ses mains, la responsable de tous ses maux, mais aussi la pierre qui l'avait sauvé. A cette pensée, il prit la décision de garder la pierre. Il ne l'utiliserait pas, il la mettrait simplement en lieu sûr, et raconterait le récit de ses aventures à ses enfants, qui peut-être à leur tour, feront part de ce récit à leurs amis, à leur descendance. Malheureusement, seule la famille de Barden ne prêta attention à son récit ; des autres, il ne reçut que moqueries et insultes. Il ne pouvait leur montrer la pierre, celle-ci était dans un endroit secret, connu de lui seul.
L'histoire devint une légende, et la légende sombra dans l'oubli